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L’Ukraine, épouvantail des céréaliers français

La mauvaise campagne qui s'annonce accentue les effets de l'ouverture des frontières aux céréales ukrainiennes.

Les producteurs de blé appellent l’Union européenne à mieux encadrer l’entrée des céréales ukrainienne dans l’Union européenne.

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Le Mercosur est en tête de liste des revendications des syndicats agricoles mais pour les producteurs de blé et d’orge, le danger vient d’abord de l’Est. À travers un communiqué du 21 novembre 2024, l’Association des producteurs de blé (AGPB) alerte les dirigeants européens sur la situation du marché depuis l’ouverture des frontières aux produits agricoles ukrainiens.

Pour soutenir le pays après l’invasion Russe, le marché unique avait ouvert ses portes en 2022 pour permettre à l’Ukraine de continuer d’exporter malgré la guerre. Mais pour le syndicat, le volume « atteignant 6 millions de tonnes » qui a franchi les frontières européennes a eu des effets. « Cette surabondance a bouleversé les équilibres du marché européen, notamment en France, principale exportatrice de blé tendre », estime l’AGPB.

À l’instar des revendications syndicales sur le Mercosur, l’AGPB pointe les différences de production. « Les blés ukrainiens, produits pour la plupart dans des agroholdings de milliers d’hectares ne respectant ni les normes européennes ni les standards environnementaux (utilisations des phytos non réglementés en France), bénéficient d’un coût bien inférieur », accusent-ils.

Commercer « à armes égales »

Cette situation, selon le syndicat, s’ajoute aux problèmes que la profession doit affronter cette année, entre mauvaise récolte et semis d’automne difficiles. « Les céréaliers français, déjà fragilisés, se retrouvent en difficulté sur un marché saturé », ajoute le communiqué.

Éric Thirouin, président de l’AGPB, apporte d’autres éléments auprès de La France Agricole. « Ce qui préoccupe le céréalier, c’est que ses moyens de production ne sont plus suffisants par rapport à la valorisation du blé aujourd’hui qui est à moins de 200 € en départ ferme. Donc le sujet c’est de retrouver des moyens de production qui nous rendent compétitifs, insiste-t-il. Nous avons un carcan normatif européen auquel s’additionne un carcan normatif français pire que l’Europe qui nous empêche de commercer à armes égales. »

Un appel au retour des limitations

Vu la situation de la filière, le syndicat espère des ajustements. « L’AGPB appelle à un retour aux conditions de l’accord de 2016, avec une limitation des importations ukrainiennes à 900 000 tonnes par an au-delà desquelles un droit de douane de 95 euros la tonne s’appliquerait », demandent-ils.

Si l’AGPB prend la parole maintenant, c’est que les prochaines échéances approchent. « À quelques jours d’une réunion cruciale avec les États membres, le 27 novembre, et à l’approche de la proposition officielle de la Commission prévue le 3 décembre », le syndicat souhaite faire passer son message. « La France, au travers du président de la République au printemps, a exprimé à Bruxelles sa volonté de remettre des droits de douane et nous savons que dans les ministères c’est un sujet qui préoccupe », observe Éric Thirouin.

Pas facile toutefois de faire de la place à cette thématique, alors que le Mercosur semble préoccuper davantage. « C’est la même chose que le Mercosur, sauf que pour le Mercosur il y a des débats dans les parlements et partout dans les médias. Pour l’Ukraine en revanche, les politiques ne font aucun débat », regrette-t-il.

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